Pourquoi les États-Unis ne peuvent pas construire de voitures électriques sans la Chine


Malgré leur volonté de devenir indépendant, le pays pourra difficilement se passer des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries électriques extraites en Chine, ou sous contrôle d’entreprises chinoises.

C’est une équation qui sera difficile à résoudre : d’un côté, Joe Biden a décrété une panoplie de mesures pour encourager la fabrication, sur le sol américain, de batteries de voitures électriques. L’objectif : devenir indépendant de la Chine, son rival technologique et systémique. De l’autre, leurs composants proviennent justement majoritairement de ce pays, rappelle Axios, le 12 avril dernier. La volonté d’indépendance des Américains serait, en pratique, difficilement réalisable, malgré les milliards de dollars investis dans la fabrication de véhicules électriques par le gouvernement américain, et malgré les crédits d’impôt que les consommateurs du pays pourront recevoir, allant jusqu’à 7 500 euros, si le véhicule est fabriqué aux États-Unis.

Ces mesures, contenues dans l’IRA (Inflation Reduction Act), exclut tout véhicule électrique dont les composants proviennent « d’entités étrangères préoccupantes »- une catégorie qui reste floue mais qui vise la Chine. Le pays a déjà été désigné comme tel dans le secteur des semi-conducteurs. Problème : actuellement, la majorité des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries comme le lithium, le nickel, le cobalt et le graphite se trouvent en Chine, ou sont contrôlées indirectement par la Chine. Cela ne va-t-il pas réduire dangereusement le champ des entreprises ou des véhicules éligibles aux subventions et au crédit d’impôt ?

La Chine contrôle la majorité des gisements du secteur

Peut-être au vu des chiffres présentés par nos confrères : la Chine contrôlera un tiers de l’approvisionnement mondial en lithium en 2025. Son sous-sol abrite l’une des plus grandes réserves de graphite. Et c’est d’ailleurs le seul pays qui exploite actuellement ce matériau, en grandes quantités. Et si aux États-Unis, il existe bien du lithium et d’autres minéraux pour batteries, la mise en place d’une mine, et son exploitation nécessite du temps et énormément d’argent. C’est pourquoi Joe Biden prévoit d’offrir de généreuses subventions aux entreprises qui développent la fabrication de batteries sur le sol américain – des mesures qui sont justement contestées par l’exécutif européen, car il favorisera à terme les voitures made in USA au détriment de l’industrie automobile européenne.

Cette distorsion entre la volonté d’être indépendant de la Chine, et la quasi-obligation de faire appel à des entreprises chinoises, s’est illustrée dernièrement avec le constructeur américain Ford Motor. La société de Détroit est bénéficiaire de subventions qui avoisineront les 7 milliards de dollars d’ici à 2026, car l’entreprise construit une nouvelle usine de batterie dans le Michigan. Problème : elle a fait appel à une société minière chinoise qui extrait du nickel en Indonésie. Dans ce pays qui détient les plus grandes réserves de ce matériau au monde, la majorité des gisements sont contrôlés par des entreprises chinoises, rapporte le Financial Times, le 30 mars dernier.

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Ford joue les équilibristes en s’associant à une entreprise chinoise

Ford Motor a été très critiqué pour avoir impliqué une entreprise chinoise dans ce projet, à tel point qu’un sénateur a déposé un projet de loi contre ce projet. Le texte interdirait les crédits d’impôt pour les véhicules électriques construits à l’aide d’une technologie de batterie sous licence chinoise. Ford a répondu de son côté qu’il respectait bien la législation américaine : l’usine serait une filiale détenue à 100% par le constructeur américain. Il ne s’agira pas d’une co-entreprise détenue pour moitié par Ford, pour l’autre par l’entreprise chinoise.

Et elle permettrait de créer des milliers d’emplois, s’est défendue la société américaine, avant d’expliquer à nos confrères : « Comme tous les autres grands constructeurs automobiles mondiaux, notre chaîne d’approvisionnement s’appuie sur les meilleures technologies, les meilleurs processus et les meilleurs minerais du monde entier, y compris des entreprises chinoises ». Pour d’autres constructeurs interrogés par nos confrères, détricoter la chaîne d’approvisionnement mondial pourrait avoir des conséquences inattendues, allant de la hausse des prix des véhicules à la pénurie de matières premières.

Source : Axios



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